UN PONT HISTORIQUE

Jean CUNY (1902-1944)

Instituteur mosellan, lieutenant de réserve au 174ème RMIF

Jean CUNY est né le 5 juin 1902 à Morville-lès-Vic (Moselle). En 1920 il entre à l’Ecole Normale d’instituteurs de Montigny-lès-Metz (promotion 1920-1923). A l’issue de sa formation, il est nommé instituteur à Salonnes, du 1^er au 26 octobre 1923.

Mais, ayant bénéficié d’un sursis de 6 mois, il est incorporé le 12 novembre 1923 au 94^ème RI de Bar-le Duc pour y effectuer son service militaire.

Le 25 novembre 1923, il rejoint l’Ecole Militaire de Saint-Maixent comme Elève Officier de Réserve, promotion 1923-1924. A sa sortie d’école en avril 1924, il est affecté au 26^ème RI de Nancy où il est nommé sergent le 11 mai. A la fin de son service militaire en octobre 1924, il exerce son métier d’instituteur tout en suivant des stages volontaires au 26^ème RI.

Il est nommé Sous-Lieutenant de réserve le 11 avril 1928. Sa situation d’instituteur mosellan l’amène à effectuer un stage de « francisation» à Epernay du 1^er octobre 1928 au 31 juillet 1929. Parallèlement à sa vie professionnelle, il poursuit sa formation militaire. Il est nommé lieutenant de réserve le 12 mai 1932 pour prendre rang le 16 mars de la même année. Le 14 aout 1933, il épouse Aline LHUILLIER, institutrice à Lezey

Les années suivantes, les passages sous l’uniforme se succèdent au rythme des formations et périodes obligatoires :

- Période d’instruction de 14 jours du 30 juillet au 12 aout 1936 au 16^ème BCP à Sarreguemines.

- Période obligatoire de 3 jours du 28 juillet au 31 juillet 1937 au 69^ème RIF à Saint-Jean-Rohrbach.

- Période obligatoire de 10 jours du 25 aout au 3 septembre 1938 au 69^ème RIF à Saint-Jean-Rohrbach.

- Période obligatoire du 25 septembre au 4 octobre 1938 à Saint-Jean-Rohrbach.

Mobilisé le 24 aout 1939 (fascicule de mobilisation numéro 2) à Saint-Jean-Rohrbach, le lieutenant CUNY est affecté à l’État-Major du 2^ème bataillon du 174^ème Régiment de Mitrailleur d’Infanterie de Forteresse en qualité d’officier Z, chargé de la protection contre les gaz de combat. Lors du déclenchement de l’Opération TIGER le 14 juin 1940, le 2^ème bataillon du 174^ème RMIF est en position entre Hoste et Puttelange-lès-Farschviller. Au soir de la bataille, les soldats français, bien qu’aillant tenu tête aux troupes allemandes, ont l’ordre de se replier. Le lieutenant CUNY se verra alors confié le commandement des rescapés de la 5^ème Compagnie de Mitrailleurs. Le mouvement de repli entraine les hommes du 174^ème RMIF en direction des Vosges. Le 15 juin, le lieutenant CUNY passe par Donnelay où résident sa femme et ses trois enfants. De brèves retrouvailles, et le lieutenant poursuit sa route vers le canal de la Marne au Rhin où les troupes françaises doivent établir une nouvelle ligne de défense. Des combats très violents s’y déroulent les 17 et 18 juin avant que les défenseurs ne décrochent. C’est au Sud de la grande forêt de Parroy que le lieutenant CUNY sera fait prisonnier le 19 juin. Le 26 juin, il passe au DULAG XII (camp de transit) de Mayence, avant de rejoindre l’OFLAG IID (camp de Gross Born en Pomeranie) où il séjournera du 11 juillet 1940 au 12 février 1941.

En tant que « lorrain de souche allemande », puisque né en 1902 en Moselle annexée, et germanophone, le lieutenant CUNY pense être libéré rapidement. Il voit de nombreux mosellans et alsaciens rentrer chez eux et pense son rapatriement imminent. Cependant sa situation se complique après l’expulsion en novembre 1940 des habitants du Saulnois vers la zone non occupée du Sud-Ouest de la France. Son épouse Aline et ses trois enfants âgés de 5 ans, 2 ans et 8 mois sont expulsés vers Saint-Léonard de Noblat en Haute Vienne. Situation paradoxale puisque la libération du lieutenant CUNY est conditionnée par la présence de sa famille en Moselle annexée. Celle-ci entreprend dès lors de nombreuses démarches pour demander son retour de captivité. Madame Aline CUNY, nommée institutrice à Saint Léonard de Noblat depuis le 19 novembre 1940 fait de son coté de nombreuses démarches auprès de l’éducation nationale à Limoges pour demander son retour et celui de ses enfants en Moselle

Pendant ce temps, le lieutenant CUNY vit au rythme de l’OFLAG, mais toujours dans l’attente de sa libération. Son courrier, qui se veut rassurant, le dit en bonne santé. Il y est même question de distractions comme des conférences ou des concerts. Le 15 février 1941 il est transféré à l’OFLAG VA à Weinsberg dans l’ouest de l’Allemagne, près de Heilbronn. Dans une carte du 13 mars 1941, il écrit : « Des dix-neuf lorrains, nous sommes arrivés à deux… » Les autres ont été libérés. Le 17 mars nouveau départ, plein d’espoir celui-ci, vers le HEILAG VC (Heimkehrlager = camp de rapatriement) d’Offenburg. La libération semble proche. Mais les démarches engagées par la famille pour le retour en Moselle semblent se heurter aux « lenteurs » d’une administration française qui voit d’un mauvais œil ce départ vers un territoire annexé... Et le lieutenant CUNY retourne à l’OFLAG VA le 9 mai 1941. Une décision de l’administration allemande (Spruchstelle de Saarbrücken) autorise finalement le retour de madame CUNY et de ses enfants de leur lieu d’expulsion près de Limoges. La situation se débloque enfin pour le Lieutenant Jean CUNY qui, après un dernier voyage vers le HEILAG VC sera libéré le 22 mai 1941.

Aline CUNY et ses enfants ne reviennent cependant du limousin qu’à la fin du mois de juin 1941. Très rapidement Jean CUNY retrouve une place d’instituteur. Il est successivement affecté à Niederhof, puis plus tard à Lorquin et Laneuveville-lès-Lorquin. Mais, malade depuis quelques années, il décède le 15 juin 1944 à l’hôpital de Saverne.

Article réalisé grâce aux très nombreuses notes écrites par madame Marie-Reine Plante CUNY, fille de monsieur Jean CUNY. Marie-Reine PLANTE CUNY, membre d’ASCOMEMO, a fait don à l’association de nombreux objets ayant appartenus à son père exposés désormais dans la salle 1 à l’Espace-Mémoire à Hagondange, ainsi que de copies de documents le concernant

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