Jeanne Humbert, née en 1923 à Rombas, s’enfuit de
Moselle en mars 1941 pour échapper à son enrôlement dans la BDM. Elle rejoint Lyon où elle devient
cheftaine de louveteaux.
En février 1942, elle entre comme secrétaire au
quartier général des Scouts de France à Lyon. Elle raconte que « l’Etat faisait énormément pour la jeunesse
et les hautes instances du mouvement alors dirigé par Eugène Dary et le RP
Forestier… Certes, les mouvements de jeunesse étaient choyés par l’Etat…
Les
dirigeants avaient d’ailleurs été décorés de la Francisque mais cela ne créait
pas une atmosphère particulièreet je crois que la poli-
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mars 1945, remise de la Croix de guerre
à Jeanne Humbert,
à
droite de la sœur (coll.Humbert).
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tique n’entrait pas dans leurs préoccupations.
Bien que collaborant avec l’Etat en place, les dirigeants connaissaient les
activités de ceux d’entre-nous qui étaient entrés dans la Résistance ».
Dès cette époque, elle aide la
Résistance notamment en contactant des personnes entre Lyon, Paris, Limoges et
Nancy pour trouver du papier nécessaire à la fabrication de passeports.
Elle fabrique
également des faux papiers pour des agents et pour des prisonniers évadés.
Puis
elle est contactée par Maurice Travers, scout comme elle, pour entrer au
service de l’antenne lyonnaise du réseau de renseignements britannique
Jade-Amicol créé par le capitaine britannique George Keun, mort en déportation
et Claude Arnould. Jade-Amicol est bien implanté à Paris, Lyon, Bordeaux,
Nancy.
Il est responsable d’une vingtaine d’atterrissages de Lysander ou
concerné par une vingtaine d’opérations « Pick up » d’avril 1942 à
avril 1944, d’une soixantaine de parachutages et participe activement à la
préparation des débarquements en Normandie et en Provence, notamment en
fournissant des renseignements majeurs sur les positions allemandes.
A
l’automne 1943, Jeanne Humbert devient salariée de l’Intelligence Service avec
le pseudonyme « Jacqueline » et de faux papiers sous le nom de
Michèle Tardy, née à Brest. Formée pour coder les messages, elle est surtout
agent de liaison et convoie du matériel provenant des parachutages (armes,
argent, postes émetteurs) ainsi que des courriers essentiellement vers Vichy,
Orléans, Paris et Montargis. Ses principaux correspondants sont le père Vonald,
l’abbé Bouchard, lazariste, et le RP Chamussy, jésuite.
Elle met en place
presque tous les postes émetteurs de l’antenne lyonnaise, réussissant à
franchir tous les barrages.
Elle devient l’adjointe du chef de groupe de Lyon
et poursuit ses activités jusqu’à la libération de Lyon. Jeanne Humbert est
citée à l’ordre de la division et reçoit la croix de guerre avec étoile
d’argent le 22 mars 1945, la médaille de
la Résistance française le 17 mai 1946 et la Légion d’honneur le 6 mai 1998.
Elle a publié sont histoire sous le titre Résistante
dès 1940…. Demeurant à Lyon,
elle est décédée en septembre 2015, près des siens, à Mont-St-Aignan dans la
Seine-Maritime.
(Extrait de Philippe
Wilmouth, L’Eglise mosellane écartelée
1939-1945, éditions Domini)
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