Les pages d'histoire

du Trimestre

 

 

Récit,

A 17 ans, déserteur du RAD, engagé dans l'armée française

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            « Né en 1927, « je fus incorporé de force dans le RAD fin juillet 1944, dans une Kriegsabteilung. J’ai déserté le 30 août 1944 avec tout mon équipement, y compris le fusil Mauser. Le 1er septembre 1944 j’ai intégré la section F.F.I. d’Amnéville dont le chef de section était l’adjudant Elles Robert. En janvier 1945, un sergent chef qui recrutait pour la 1ère Armée m’a permis de m’engager pour la durée de la guerre. Partis de Chalons/Marne, nous sommes arrivés à Vesoul début janvier ; de là, 10 jeunes (j’avais 17 ans) encadrés par 3 sous-officiers, avons relié à pied Mulhouse à Rixheim (Ile Napoléon) et rejoint le 31ème B.C.P. En cours de route, dans le froid et la neige, nous avons essuyé le feu des Allemands ; fort heureusement ils utilisaient des balles traçantes, ce qui nous  permit de les esquiver. Les tirs allemands venaient du nord de notre route, je pense qu’ils étaient situés dans le secteur de Sausheim.

 

Amnéville, groupe de FFI parmi lesquels Marcel Lamm.

           

Arrivé au 31ème B.C.P., je fus affecté à la compagnie C.A. Section mortiers 81mm 4 pièces. Le chef de compagnie était le lieutenant Schmuck, il y avait également le sous-lieutenant Leclerc et l’adjudant Chapuis ; étant donné que j’avais déserté de l’armée allemande, on me donna un autre nom : Lambert Marcel. Nous étions positionnés à côté de la Rotonde à l’île Napoléon ; pour dormir nous avions des matelas pris dans les maisons voisines qui étaient désertes. Le caporal Strole Fernand de Sarralbe et moi avons, sans le savoir, traversé un champ de mines afin de poser une ligne téléphonique près de l’ennemi ; ce fut un poste de réglage des tirs pour le sous-lieutenant Leclerc qui donnait les ordres de réglage des pièces à l’adjudant Chapuis ; ce dernier ordonnait les tirs, toujours les 4 pièces par 4. Notre section fut félicitée à maintes reprises pour les résultats obtenus, par des officiers supérieurs. Dans la journée, alors que nous posions des jalons pour le réglage des tirs, un Half-track US équipé d’un mortier de 120mm, pratiquement dans nos positions, à 50 mètres, tirait sur l’ennemi et repartait le soir. Le plus éprouvant, c’était les patrouilles d’embuscade la nuit ; nous étions une dizaine d’hommes, il ne fallait pas faire de bruit ; il faisait très froid, moins 20 degrés et je recouvrais mes pieds avec de la neige pour avoir moins froid.Vers une heure du matin, une équipe nous amenait du café avec de la gnole qui ne manquait pas.

           

Dans l’ensemble, nous avions assez à manger.A environ 400 mètres de notre position, derrière une maison de la cité, se trouvait la popote ; le cuistot, un Strasbourgeois, s’appelait Charles Mohr. Souvent nous avions des rations K et également des rations C que l’on ne pouvait pas chauffer, alors on mangeait froid. La nuit il était défendu de se déchausser, on ne se lavait ni ne se rasait plus ; tout le monde avait la barbe et nous étions pleins de poux. Une nuit de février, le mot de passe était Stalingrad-solo ; j’étais de garde devant le local des officiers, lorsque nous avons eu droit à une offensive allemande qui dura des heures ; ce fut un déversement d’obus sur l’Ile Napoléon, chacun se protégeait comme il le pouvait. Profitant d’une accalmie, le caporal-chef, un messin, rassembla ses troupes à coup de sifflet ; tout le monde aux pièces, nous avons riposté et fait du bon travail car nous avons gagné le duel. Le surlendemain nous sommes allés dans les lignes allemandes en suivant un chemin tracé par les démineurs pour récupérer des obus de mortiers allemands de couleur orange alors que les nôtres étaient vert foncé. A cet emplacement il y avait des tombes de soldats allemands ; la terre était fraîchement retournée et sur chaque tombe se trouvait une bouteille renversée, piquée dans le sol, contenant des papiers enroulés. Ce jour-là, nous fûmes convaincus que les Allemands se repliaient en hâte en nous laissant des munitions.

Par la suite, le 7ème R.S.A. qui était à côté du 31ème B.C.P, se déplaça vers l’avant ; ils avaient des mulets pour le transport du matériel et le 31ème B.C.P. se rendit en repos à Mulhouse.Les autorités militaires, conformément au règlement, renvoyèrent dans leur foyer les mineurs ; nous fûmes deux concernés par cette mesure.

En avril 1945, je m’engageais pour 5 ans au 4ème R.S.T. en Tunisie. »

Marcel Lamm, membre d’AscomémoEcrit en 2005,

décédé en septembre 2013

 

        

 

 

 

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