Les pages d'histoire

du Trimestre

 

 

DES PYRENEES A LA LIBERATION DE METZ : L'ITINERAIRE D'UNE JEUNE SOUS-LIEUTENANT DE L'ARMEE DE L'AIR  : Nicole PERLES

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                  DES PYRENNEES A LA LIBERATION DE METZ : L’ITINERAIRE D’UNE JEUNE SOUS LIEUTENANT DE L’ARMEE DE L’AIR : NICOLE PERLES.

Il y a 80 ans, le 20 novembre 1944, à 14 heures le sous-lieutenant Nicole PERLES hissait le premier drapeau Français au balcon du palais du gouverneur de METZ, ville qui sera officiellement libérée le 22 après des combats acharnés.

En 10 mois cette jeune femme de 23 ans se sera évadée de France en traversant les Pyrénées en hiver, aura rejoint l’armée Franco américaine à Alger après avoir été faite prisonnière dans l’Espagne Franquiste. Puis, débarquée à Marseille en tant qu’officier de liaison de l’Armée de l’Air au sein de l’armée du Général Patton elle entreprit la Campagne de France la conduisant le 19 novembre 1944 à Metz.

Le 14 juin 1940 les allemands entrent dans Paris déclarée « ville ouverte » et le 22 juin 1940 est conclue l’armistice entre le III ième Reich et les représentants du gouvernement de Philippe Pétain.

Les Allemands envahissent le nord de la France laissant une zone dite « libre » au sud d’une ligne démarcation qui sépare la France en deux.

Tout juste âgée de 19 ans la jeune Nicole, qui vient d’obtenir son permis de conduire va prendre la route de la zone libre en conduisant à Cannes ses deux jeunes frères Alain et Christian ainsi que sa grand-mère.

Comme des millions de Français elle doit affronter les routes de l’exode dans une voiture que ne protège qu’un matelas fixé sur le toit, sortant se cacher dans les fossés à chaque attaque de la Luftwaffe.

Elle rejoint à Cannes sa mère Suzanne médecin hématologue réputée des hôpitaux Tenon et Hôtel Dieu à Paris Celle-ci a pu trouver des conditions lui permettant d’exercer la médecine à Cannes. Son mari banquier, agent de change (courtier en valeurs mobilières) reste initialement à Vichy où la bourse avait déménagé avec le gouvernement.

Le 11 novembre 1942 en réponse au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord Hitler déclenche l’opération « Attila » qui conduit l’armée allemande à occuper la zone « libre ». La Gestapo mène alors des d’opérations dans la région ; surtout sur le littoral, plus peuplé, ou les Allemands préparent leur défense en vue d’un débarquement des troupes alliées.

La jeune Nicole participe activement au réseau de résistance dont fait partie sa mère, traversant à vélo la Provence pour repérer et cartographier les positions ennemies. Elle parcourra des kilomètres d’Opio à Valensole dont le plateau de lavande restera à jamais gravé dans sa mémoire

La famille déménage à Opio, ville moins exposée. A l’aube du 23 décembre 1943 elle est réveillée en sursaut par le fils de voisins dont la Milice est en train d’arrêter les parents. Résistants et juifs les Perles a été dénoncés. Avec son frère Alain et celui qui allait devenir son meilleur ami et son compagnon d’évasion Claude Marcus ils ont le temps de s’enfuir à vélo : la Milice trouvera la Bastide vide.

La décision de s’évader de France est rapidement prise : entrer dans le maquis aurait signifié se battre contre d’autres français, même collaborateurs.

Elle allait ainsi après un court mois de préparatifs en janvier 1944 s’évader en traversant à pied les Pyrénées en plein hiver. Elle n‘avait pas 23 ans.

Elle emmènera son frère Alain âgé de 17 ans et avec Claude Marcus rejoindre quatre autres personnes de conditions et d’âge diverses.

Ils partent de Cannes en train en montant à contre voie vers Pau, Lourdes puis Mauléon en Pays basque. L’attente des premiers des guides (un père et son fils), la nuit dans un cimetière leur paraît interminable. Ils partiront à la queue le leu à pied vers la frontière espagnole. Atteignirent les premières pentes pyrénéennes en marchant de nuit à travers champs, franchissant des centaines de haies et barrières barbelées, ayant été obligés de se cacher deux longues heures dans un ruisseau pour ne pas être repérés par une patrouille Allemande au bivouac.

L’ascension débute alors que la neige tombe de plus en plus abondement en ce mois de février. Les nuits sont glaciales dans les granges, la nourriture rare. Les marches se déroulent le plus souvent la nuit dans la neige en s’enfonçant jusqu’aux genoux. Ils sont contraints de faire une halte pour s’abriter de la tempête dans une cabane de chasseur où les dépose un nouveau guide… qui ne reviendra pas les chercher ! Heureusement son prédécesseur apprenant qu’ils avaient été abandonnés vient les prendre en charge pour les mener au sommet.

Ils atteignent la frontière par le Pic d’Orhy (2017m), la neige devenant plus dure et praticable. Après douze heures de descente en terre espagnole ils peuvent prendre congé du guide en lui remettant la moitié d’un billet de cinq francs qui attestait pour leurs familles de leur arrivée sains et saufs.

L’Espagne franquiste sentant « le vent tourner » imposait un internement aux évadés de France dans des camps et prisons dont les conditions de détention s’étaient assouplies et raccourcies d’un an au début de la guerre, à trois mois en 44.

Nicole Perles fut donc emprisonnée dans trois camps successifs et quitta l’Espagne le 5 mai par Algésiras pour se rendre à Alger ou elle débarqua le 8 mai. La traversée n’était pas de tout repos, le bateau étant fréquemment secoué par des explosions de charges sous-marines. Un comité d’accueil de tirailleurs sénégalais rend à leur arrivée, sur le quai les honneurs aux évadés de France…

Elle prend assez vite la décision de s’engager volontairement dans l’armée de l’Air au lieu de rester à Alger où l’existence d’une jeune fille pouvait être pour le moins agréable, au soleil dans une France libre. Parlant déjà un bon anglais elle s’inscrit à un stage d’interprétariat qui se déroule à l’État-major de l’Armée de l’air. Le premier juillet 44 elle passe avec succès son examen de sortie avec le grade de sous-lieutenant.

Portée volontaire pour faire partie d’un détachement appelé « Liaison Secours » sous l’égide de la Croix Rouge elle embarque en octobre 44 à Oran sur un navire anglais pour servir d’interprète aux troupes françaises embarquées. De Marseille où elle accoste le 7 octobre elle sera directement affectée à Nancy à la mission « Air Avancée Nord Est » le premier novembre. Rapidement elle va participer à la bataille de Metz.

Dès le débarquement des troupes alliées et française, le commandement des Forces Aériennes Françaises décide la création d’unités spéciales intégrées aux alliés ayant pour mission l’occupation et la remise en état des terrains ainsi que la récupération des matériels abandonnés par l’ennemi au bénéfice de l’armée de l’Air Française . C’est ainsi que fut créé à Nancy l’Air Avancé Nord Est dont le PC s’installe dès le 20 septembre 38 place de la Carrière.

Un détachement est alors constitué avec une centaine d’officiers, sous-officiers et soldats tous volontaires et des hommes en provenance des maquis et FFI de la région de Pont à Mousson. Le détachement est placé sous les ordres d’un capitaine de l’armée de l’air : le capitaine Sognet auquel est adjointe Nicole Perles, aspirant des forces féminines de l’air, en qualité d’interprète pour assurer les liaisons et communication avec l’armée du Général Patton. La mission de ce détachement est initialement d’occuper le terrain militaire de Frescarty.

Grace à la ténacité et à la compétence du sous-lieutenant Perles les Américains du XI ième régiment de la Vième Division d’assaut XX ième corps consentent rapidement à intégrer dans leur dispositif opérationnel la formation française du capitaine Sognet. C’est ainsi que leur détachement participera entre autres aux combats de Matly contre un bataillon d’élèves officiers SS de transmissions les forçant à se replier dans le fort saint Privat. Les aviateurs se distinguent, capturent des Allemands réfugiés dans la ferme d’Orly, neutralisent deux mitrailleuses installées sur la voie ferrée à l’entrée de Montigny. Lors d’une demande de citation du sous-lieutenant Perles le capitaine Sognet écrit à propos d’elle : « -au cours des opérations, son sang-froid remarquable et son cran exemplaire lui permirent d’accomplir sa mission de liaison avec l’armée américaine sous le feu violent des mitrailleuses et des tirs d’artillerie des forts avoisinants ».

Le détachement dégage au sud de la ville de Metz le quartier Franiatte puis accède à la place de la république par la rue de Verdun rebaptisée Sankelstrasse par l’occupant.

Le 20 novembre 1944 à 14 heures c’est à la jeune aspirante Nicole Perles, seule femme du détachement que revient l’honneur de hisser le premier drapeau français au balcon du gouverneur.

Le lendemain matin tout le nord de la ville est investi par les chasseurs Français qui font leur jonction avec les troupes US.

L’air Avancé Nord Est sera transformée en décembre 1944 en 1 ière subdivision aérienne. Nicole Perles suivra l’armée de Patton comme officier de liaison en Allemagne et sera démobilisée en juillet 1945.

Dr Jean-Marc ZIZA, son fils.

 

 

 

 

 

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