Les pages d'histoire du Trimestre |
Chers parents, … Aujourd’hui soir je serai fusillé… »
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Lors d'une cérémonie au Monument de la Cascade du Bois de Boulogne, Nicolas Sarkozy a annoncé que sa "première décision" de président sera de faire lire chaque année dans tous les lycées la dernière lettre du jeune résistant communiste, Guy Môquet. Il avait 16 ans. Nous publions ci-dessous deux lettres de Mosellans fusillés pour avoir déserté de la Wehrmacht, un acte de refus et donc de résistance particulier à notre département annexé
Qui était Guy Môquet? Guy Môquet était fervent
militant des jeunesses communistes. Avec
l'occupation de Paris
par les Allemands
et l'instauration du gouvernement de Vichy, Guy déploie une grande
ardeur militante pour coller des « papillons » et distribuer des
tracts qui reflètent la ligne politique de son parti en été 1940.
Guy est arrêté à 16 ans le 13 octobre 1940 au métro Gare de l'Est par des policiers français qui recherchent les militants communistes. Les policiers le passent à tabac pour qu'il révèle les noms des amis de son père. Emprisonné à Fresnes, puis à Clairvaux, il est ensuite transféré malgré son acquittement au camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique), où étaient détenus d'autres militants communistes. Le 20 octobre 1941, Karl Hotz,
commandant des troupes d'occupation de la Loire-inférieure,
est exécuté à Nantes par trois
jeunes communistes. Le ministre de l'Intérieur, Pierre Pucheu,
sélectionne des otages communistes « pour éviter de laisser fusiller 50
bons Français » : 18 emprisonnés à Nantes, 27 à Châteaubriant et
5 Nantais emprisonnés à Paris. Deux jours plus tard, neuf poteaux sont dressés à la Sablière, vaste carrière à la sortie de Châteaubriant. En trois groupes, les 27 otages s'y appuient, refusent qu'on leur bande les yeux et donnent leur vie en s'écriant « vive la France ! ». Guy Môquet est le plus jeune. Il a un évanouissement mais il est fusillé dans cet état. Il est abattu à 16h00. Avant d'être fusillé, il avait écrit une lettre à ses parents. Pour voir la lettre Cliquez ici
Raymond RAU d’Amnéville, Pendant une permission, Raymond RAU d’Amnéville, fils de l’ancien maire communiste, projette de s’évader de la Wehrmacht. Mais pour ne pas mettre à défaut sa famille, il veut déserter depuis sa caserne de Landau où il est toujours en instruction.
Son père, Frédéric Rau, membre du Groupe Mario, est arrêté le 27 janvier 1944 et déporté. Chers Parents. Le 11 juillet à 5 heures du matin, j’ai essayé de me sauver chez les Russes mais je n’y suis pas arrivé et je suis tombé dans les mains des Allemands. Je fus traduit devant le Conseil de guerre et condamné à mort. Aujourd’hui soir, je serai fusillé. Chers parents aimés, il ne faudra pas pleurer et toujours penser que votre fils est allé courageusement vers la mort. Mon dernier souhait est que vous m’oubliez vite. Vous avez toujours Roger, Pierre et Ruth qui pourront vous faire passer votre chagrin. Maintenant, il faut que je fasse remarquer à papa qu’il ne fasse pas de bétîses et qu’il reste près de maman pour la consoler. Chers parents, votre fils va mourir aujourd’hui croyant en Dieu. J’ai communié et reçu les saints sacrements de l’Eglise. Promettez-moi de ne pas vous faire de chagrin et de vite m’oublier et que toute la famille reste toujours unie jusqu’à ce que la mort la sépare. C’est ma dernière volonté. Votre très cher fils Raymond qui vous aime bien et ne vous oubliera jamais. »
Ernest HELF de Mondelange
Il faut que je vous fasse aujourd’hui la triste
communication que je ne vous reverrai jamais plus. J’ai commis une faute
irréparable. Par ma propre faute, sans discussion possible, j’ai été condamné à
la peine capitale. Je suis coupable de désertion et dans une heure la
sentence sera exécutée. Chers parents, je n’ai pas peur de la mort, car nous
n’avons tout de même rien à espérer sur cette terre. Pour vous seuls, je me
fais du souci car vous aviez fondé tous vos espoirs sur moi et maintenant, tout
est fini. A la réception de ma lettre, cette nouvelle vous sera cruelle. Maintenant, il ne vous reste plus que Louise. Soyez bons pour elle, prenez la chez vous pour que rien ne lui manque. Si telle est la volonté de Dieu, nous nous retrouverons dans l’éternité. Votre Ernest vous salue et vous embrasse une dernière fois. Adieu chers parents, Eric, Louise et les enfants. » . Sources : Philippe Wilmouth, Grosshagendingen réédition Fensch Vallée 2004 et Chroniques de la deuxième guerre mondiale dans la vallée de l’Orne, éditions Ascomémo 2001 |
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