Les pages d'histoire

du Trimestre

 

 Jean BURGER, dit « Mario »

 

 

A l’initiative de la section messine du parti communiste, un hommage fut rendu à Jean Burger le 16 février 2007 au fort de Queuleu à l’occasion du 100ème anniversaire de sa naissance. Norbert Bernard, trésorier d’ASCOMEMO, était présent à la cérémonie. Nous publions ci-dessous la biographie de Jean Burger.

Né le 16 février 1907 à Metz dans une famille de commerçants, Jean Burger effectue ses études à l’Ecole Normale de Montigny-lès-Metz. Il occupe successivement les postes d’instituteur à Magny, Creutzwald, Sainte-Marie-aux-Chênes, Fénétrange, Mondelange et en dernier lieu à Talange.

En 1932, Jean Burger participe au Congrès mondial de la Paix à Amsterdam. Il est l’un des créateurs de la structure départementale de l’organisation « Paix et Liberté ». Il fonde la section messine de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA) et la fédération mosellane du mouvement Amsterdam-Pleyel. Membre du parti communiste, il organise, avec le maire de Mondelange, l’envoi des volontaires mosellans des Brigades Internationales en Espagne à partir de la gare de Hagondange en 1937.

Mobilisé en septembre 1939 au 406ème Régiment de Pionniers, il cantonne à Guinglange, puis près de Saint-Louis (Haut-Rhin) où il est fait prisonnier le 17 juin 1940. Redoutant une répression des nazis à son encontre pour ses engagements politiques, il prend le nom de « René Legrand » figurant sur un livret militaire qu’il a trouvé lors de la débâcle. Il est emprisonné au stalag II A, près de Nienhagen sur la mer Baltique. Au cours de l’hiver 1940-41, il peut donner signe de vie à son frère Léon installé à Arcachon en lui envoyant une carte. A la réception de ce courrier, Léon Burger renonce à son projet d’évasion en Espagne et décide de rentrer à Metz. De là, il organise l’évasion de son frère et rejoint le 31 mai Nienhagen. Le soir du dimanche de la Pentecôte 1941, Jean Burger réussit à s’évader en dévissant les barreaux d’une fenêtre. Il rejoint son frère à l’arrière du baraquement pour récupérer un costume civil. Les deux frères parlant parfaitement l’allemand rentrent à Metz sans encombre

 

Apprenant le retour de Jean, Charles Hoeffel, syndicaliste CGT aux ateliers SNCF de Montigny, vient à son domicile messin au 33 rue Saint-Pierre en juillet 1941. Il est accompagné de l’Alsacien Georges Wodli, membre du Comité central du parti communiste, qui apporte des instructions de Paris. Il charge Jean Burger de l’organisation de la résistance communiste en Moselle. Jean Burger décide de quitter le domicile parental pour habiter clandestinement aux domiciles de militants communistes mosellans avec pour point d’attache le logement d’Anne Schulz au 3 rue Vauban à Metz. Il crée le mouvement de résistance « Mario », du nom du plus connu de ses pseudonymes. L’activité du groupe revêt des aspects multiples : vol de matériel pour l’impression de tracts, rédaction et diffusion de tracts appelant à l’insoumission et au sabotage de l’économie de guerre, graffiti sur les murs, distribution de tracts venus de l’intérieur, organisation de groupes de trois personnes pour des sabotages dans les usines, déraillement de trains de marchandises ou de ravitaillement de la Wehrmacht et de permissionnaires, passages de PG évadés, de réfractaires et déserteurs de la Wehrmacht, constitution de stocks d’armes en attendant l’insurrection nationale.

Pendant l’été 1943, Jean Burger participe aux sabotages du carreau des mines dans la région de Merlebach-Petite Rosselle, au vol de dynamite dans la région de Fontoy. Parlant le russe, Jean Burger s’occupe en août 1943 de prisonniers russes évadés du stalag de Boulay qui se cachent dans la forêt d’Eincheville.

 

Jean Burger assure la liaison entre son groupe et les mouvements nationaux du Front national et des FTPF dont le Groupe Mario assure la diffusion de la presse et des tracts clandestins. Il se rend donc assez régulièrement dès juillet 1941 à Paris pour prendre des ordres. Le 20 septembre 1942, il est arrêté en rentrant de la capitale au passage de la frontière à Montois-la-Montagne, la police frontalière ayant remarqué que ses papiers étaient faux. Il est livré à la Gestapo de Metz et finalement libéré, le 12 novembre 1942, sans que les Allemands aient compris qu’il est « Mario ».

Ils réalisent leur erreur et réussissent à l’interpeller à nouveau le lendemain. Il est mis au secret à la prison du Grand Séminaire à Metz. Après s’être volontairement blessé avec une aiguille cachée dans du linge fourni par son frère, il est hospitalisé à Bon-Secours. Il réussit à s’évader le 6 décembre grâce à l’aide de deux camarades qui l’emmènent à bicyclette à son domicile clandestin de la rue Vauban

            

Le démantèlement du Groupe Mario est orchestré à partird’août 1943. Deux traîtres sont infiltrés dans le Groupe, l’un à Metz, l’autre à Hagondange. Les Allemands avaient récupéré les archives de la police française où figuraient des enquêtes sur les membres du PC et de la CGT. Au lendemain de « l’Opération Valmy » (journée nationale de sabotages et d’incendies de fermes de colons allemands), Jean Burger est arrêté le 21 septembre 1943. Des arrestations massives se poursuivent dans les usines jusqu’en avril 1944. Plus de 800 membres sur les 3000 répertoriés après-guerre sont déportés.

Motifs d’arrestations des 209 membres du Groupe Mario de la Vallée de l’Orne

Diffusion de tracts : 128

Diffusion de journaux : 46

Sabotages : 46

Aides aux PG évadés et réfractaires : 32

Appartenance au Groupe : 25

Appartenance au PC : 21

Cotisation : 11

Armes : 9

Propagande anti-nazie : 8

Détention d’armes :  9

Hébergement de résistants :  4

Résistance :  3

Incendie de fermes :  3

Participation à la journée du 20.9.43 :  3

Agent de liaison :  2

Organisation d’un réseau :  1

Haute trahison :  1

Nom trouvé sur une liste : 

Jean Burger est maintenu enchaîné une semaine dans les caves de la Gestapo rue de Verdun. Il est ensuite transféré à la prison militaire de Metz, rue du Cambout puis au fort de Queuleu. Il est emprisonné dans la cellule N°1 réservée aux résistants les plus importants. Le 17 août 1944, Jean Burger est transféré à la prison de Manheim, puis, le 17 septembre, à la prison de Wiesbaden et finalement déporté à Dachau le 14 novembre. Quelques jours plus tard, il est expédié à Auschwitz-Monowitz. Le 18 janvier 1945, il participe aux « marches de la mort » dans la neige de Haute-Silésie. Finalement, il est embarqué dans un train jusqu’à Dora Nordhausen; Jean Burger souffre d’une pneumonie et est admis au Revier. Il décède au cours du bombardement du camp le 3 avril 1945. Jean Burger repose dans une fosse commune du cimetière de ce camp.

Jean Burger fut promu le 27 novembre 1946 chevalier de la Légion d’honneur. Il obtint aussi la Croix de guerre avec palmes. Le 31 mars 1947, la médaille de la Résistance lui est attribuée. De nombreuses communes du bassin ferrifère donnent son nom à une rue, une place, une école. Le 11 avril 1965, une rue Jean Burger est inaugurée à Magdebourg. Le Groupe Mario est reconnu « mouvement de résistance intérieure » le 18 juin 1985.

 

Bibliographie :-Léon Burger, Le Groupe Mario, éditions Hellenbrand, Metz 2ème édition 1985

-Article de Pierre Schill, in Claude Pennetier (sous la direction de), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – mouvement social français. 1940-1968 (Le Maitron), tome 2, p. 430 à 432, Paris, Editions de l’Atelier, 2006.-Articles L’Affaire Jean Burger et Le Groupe Mario in Le Patriote Résistant 1958 et 1984.-Philippe Wilmouth, Chroniques de la deuxième guerre mondiale dans la vallée de l’Orne, éditions Ascomémo, 2001 

 

 

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