Les pages d'histoire du Trimestre |
Les
immatriculations des véhicules automobiles 1940-1945 en Moselle annexée, dans le
contexte des découpages territoriaux rétablis par l’Allemagne
|
par Thierry Baudin – thbaudin@aol.com 1ère Partie – De Juin 1940 à l’Automne 1941 Après l’armistice signé le 22 juin 1940 avec la France,
l’Allemagne soustrayait le 2 août les départements alsaciens et lorrain de la
zone des armées, en les plaçant sous administration civile, ce qui marquait le
début de l’annexion.La Moselle devenait le Cdz-Gebiet Lothringen, chef-lieu
Saarbrücken, avec à sa tête le leader nazi Josef Bürckel. Sur le plan politique,
Bürckel retrouvait la direction du Gau
Saarpfalz auquel fut rattachée la Moselle pour constituer le Gau Westmark avec Neustadt a.d.W. dans
le Palatinat comme siège de la direction régionale du NSDAP. La germanisation accélérée mise en place dès cette date ne
fut pas la plus préjudiciable quant au destin des populations des politiques
suivies par l’administration allemande… A ce titre, les prénoms, les noms de
rue et de villes changèrent sur les permis de conduire allemands qui se
substituèrent aux documents français. Le passage des véhicules à moteur sous
immatriculation allemande représentait l’autre volet de la réglementation
automobile à imposer. Territoires et immatriculations en
Allemagne Depuis sa mise en place en Allemagne en 1906,
l’immatriculation avait toujours été réalisée sur une base territoriale de
petite taille, le Kreis – c’est
toujours le cas en 2017 –, et par l’autorité
locale disposant des pouvoirs de police, sous la responsabilité ultime du
ministère de l’Intérieur du Reich, puis de la République. Cette autorité
disposait de son propre bureau d’immatriculation (Zulassungsstelle), identifié à partir de 1936 avec un numéro unique
Schlüsselnummer[i]. Dans un Kreis rural
(Landkreis), c’était le responsable
de l’administration civile – le Landrat
– qui détenait les pouvoirs de police. Dans un Kreisurbain (Stadtkreis),
la police était assurée par des entités de police plus ou moins importantes[ii],dénommées
Polizeiamt, Polizeidirektion,ou encore Polizeipräsidium,
selon la taille de l’agglomération, rapportant toutes à la zone régionale de
police (Präsidialbezirk). Il arrivait
aussi qu’à l’intérieur d’un Landkreis
certaines communes (Gemeinden)
fussent regroupées[iii] – sans
être détachées du Landkreis –, pour y
voir les pouvoirs de police confiés globalement à un Polizeiamt ou une Polizeidirektion,
rapportant seulement au Präsidialbezirk.
Cette logique territoriale s’imposait d’elle-même, de sorte que toute
reconfiguration du territoire entraînait le changement de l’autorité chargée de
l’immatriculation dans la ou les Gemeinde(n)
concernée(s). Enfin, pour en revenir à notre propos, pour être valide, toute
plaque d’immatriculation devait porter le sceau peint en rouge de l’autorité de
délivrance, avec sa localisation et sa nature, comme « Landkreis Diedenhofen – Der Landrat ». Les nouveaux découpages territoriaux Un peu fastidieux, cet énoncé du contexte était utile pour au
moins deux raisons : les immatriculations en Moselle 1941-45 se sont
adossées à la structure territoriale qui venaitd’être reconstituée en 6 mois,
mais aussi cette structure a été modifiée plus que de coutume – par exemple
beaucoup plus que dans l’Alsace voisine – durant le cours de la guerre. Pour la
Lothringen, les découpages rétablis à
l’annexion, avec les ajustements apportés au dernier trimestre de 1940 sont
rappelés juste après[iv] :
-1erdécembre : les deux Landkreise de Bolchen et de Forbach, qui avaient été créés sur la base des arrondissements de Boulay et de Forbach disparaissent, fusionnés pour former le nouveau Landkreis de Sankt Avold ; les deux Kreise de Diedenhofen-Ost et West – ex-arrondissements de Thionville-Est et Ouest –, sont fusionnés au sein du Landkreis unique de Diedenhofen. Dispositions intermédiaires : des Winkels jaunes sur les plaques françaises…
Premières plaques allemandes : février 1941 C’est sur la base territoriale exposée plus haut que le Grand
Reich établit, à partir du 4 février 1941, l’immatriculation des véhicules dans
le système allemand, avec le code Wm pour Westmark. Allant plus loin que son
homologue Robert Wagner en Alsace, Josef Bürckel n’avait pas hésité à nommer ce
que la Lothringen deviendrait dès que la guerre aurait fini : une partie
du Reichsgau Westmark, lequel Reichsgau
comprendrait également la Saarpfalz. Les plaques d’immatriculation comportaient des caractères
noirs sur fond blanc, les véhicules déjà immatriculés dans le système français
en usage en 1940 – code LH – devant bien sûr être réimmatriculés. Le 31 mars 1941, deux modifications vinrent affecter, non le
découpage administratif en lui-même, mais le découpage des zones de police,
avec une incidence directe sur les bureaux d’immatriculation[i],
comme on l’a vu plus haut : -pour l’administration de la police, 10 communes du Landkreis de Metz sont regroupées pour
dépendre directement du Präsidialbezirk
de Metz; corrélativement leurs immatriculations sont assurées par lePolizeipräsidium de Metz; -de la même façon, 13 communes du Landkreis de Diedenhofen (dont Diedenhofen) passent dans le ressort du Präsidialbezirk de Metz, leurs immatriculations étant assurées par le Polizeiamt de Diedenhofen créé à l’occasion ; le reste du Landkreis continue d’être immatriculé par le Landrat du Landkreis. 7C’est pour éviter une confusion toujours possible avec les plaques de la Marine (WM pour Wehrmacht Marine) que les numéros de série pour la WestmarkWm débutaient à 300 000. Les immatriculations de la Marine avait passé au début de la guerre la barre des 100 000, on fit la réservation pour WM jusqu’à 300 000… 8La Stadt Forbach
avait déjà absorbé Schoeneck et Stiring-Wendel en avril 1941 ; deux ans
après, avec Alsting, Petite-Roselle et Spicheren, c’étaient 6 communes
françaises qui se retrouvaient de l’autre côté de la frontière. 9Du côté de l’Alsace, on a le cas de la Peugeot 402 d’un médecin de Strasbourg, immatriculée 3811 NV4 au début de 1939, passée en IV St 167 de la série allemande en mars 1941, et repassée en 3811 NV4 en 1945 sans autre procès il semble que de repeindre le bon numéro sur la plaque…
|
|
ESPACE MEMOIRE 7 rue du Docteur Viville 57300 HAGONDANGE 03.87.72.08.6 |
[Les Echos]][documentation][Expositions][Conférences][Liens] Copyright(c) 2005 ASCOMEMO. Tous droits réservés.
|