Les pages d'histoire

du Trimestre

 

 

Le "colonel Fabien" en Moselle en 1944

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La « Colonne Fabien » en Moselle en 1944

2ème partie, de Philippe WILMOUTH

 

Face à l’ennemi dans le secteur de Gravelotte, puis de Thionville

 

Le front en Moselle est stabilisé sur la rive gauche de la Moselle de la frontière luxembourgeoise jusqu’aux portes de Metz assiégée. Immédiatement sur le sol mosellan, le Groupement tactique de Lorraine cherche le contact avec l’ennemi. Les archives officielles américaines signalent que ces unités se battent bravement au feu et ont de lourdes pertes. Rarissime dans les historiques régimentaires américains d’après-guerre, celui du XXème Corps US consacre en 1945 deux pages à la Brigade. [1] Le 13 septembre, une quinzaine d’hommes du 1er Régiment de Paris conduits par le colonel Fabien sont encerclés à l’est du village de Cattenom. Il faut l’intervention des brigades FFI de Thionville et de la Fensch pour les dégager. Le 1er Régiment compte un blessé alors que les FFI locaux dénombrent un tué et deux blessés. Le 19 septembre, le bataillon FTP du commandant Dax est chargé par les Américains de tenir le secteur nord-ouest de Thionville, de Garche à Contz-lès-Bains et installe son PC à Hettange-Grande. Le 20 septembre le Bataillon Dalsace devient le 2ème Bataillon avec 4 compagnies. La 5ème s’installe à Manom, la 7ème et la 8ème à Garche. La 6ème est compagnie mitrailleuse.[2]

Dans le secteur de la 359ème RI du général Maglan, la 1ère Compagnie du capitaine Neuville patrouille dans le ravin de Mance au sud de la route de Gravelotte à Metz les nuits du 22, 23 et 24 septembre rapportant de précieuses informations sur les positions allemandes. Neuf soldats allemands auraient été tués pendant ces patrouilles. Le 25, une patrouille de la compagnie Neuville va reconnaître les positions allemandes au nord de Gravelotte. Les informations permettent une attaque le lendemain. L’assaut est donné à 5h30. Mais la dissipation de la brume expose soudain l’unité aux tirs des mortiers adverses dans le bois de Guenevaux. Le capitaine et le sergent Pierre Provost, 25 ans, sont tués; plusieurs autres sont blessés. Les 65 hommes encore valides et deux sections américaines réussissent toutefois à prendre la ferme Saint-Hubert. Dans la nuit du 26 au 27 septembre, la 3ème compagnie commandée par le capitaine Brunet opère dans une carrière au sud de la route de Gravelotte. Un mortier est détruit, cinq Allemands sont tués. De violentes contre-offensives allemandes sont lancées. Les troupes du 1er Régiment de Paris comptent 20 tués inhumés dans le cimetière de Rezonville. Deux sections de la 4ème Compagnie commandées par le capitaine Bello relèvent les éléments et tiennent une portion de la position sur la route Gravelotte-Metz repoussant les attaques répétées des Allemands. Elle garde la position jusqu’au 28 septembre, subissant des pertes sérieuses sous les coups répétés des mortiers et de l’artillerie allemande. Le général américain Bacon conclut son rapport : « Dans toutes ses opérations, les troupes françaises firent preuve de beaucoup de combativité. Leur désir de combattre l’ennemi fut illimité et inspira une grande admiration à nos troupes elles-mêmes. Leur travail de patrouilles et leur travail de nuit furent admirables. Toutes ces actions montrèrent la grande valeur des hommes, mais ils ont un besoin urgent d’armes et d’équipements pour supporter le combat. Ils sont braves et leurs chefs pleins de ressources[3]. » L’échec de Gravelotte met à jour les lacunes et les défauts des cadres. Les désertions se multiplient alors.

Dans le secteur du 357ème RI US, le bataillon Freddy du commandant Gérard et les volontaires du lieutenant Rousseau occupent le Bois Labbé entre Silvange et Maizières-lès-Metz où il effectue plusieurs patrouilles de nuit. 

Jusqu’au 29 septembre 1944, les pertes du Régiment sont évaluées à 15 morts, 62 blessés hospitalisés, 10 blessés légers, 27 disparus et 3 prisonniers. 60% des blessés le sont à la tête, faute de protection adéquate.[4]

Le 30 septembre, sous le regard des caméras, en présence du général Dody, gouverneur militaire de Metz, venu spécialement de Verdun, le général Walker passe en revue les bataillons du colonel Fabien et félicite ces unités pour leur bravoure au feu : « Je suis fier d’être en présence de l’élite de la nation française qui s’est battue, qui a pris en charges les risques énormes de la Résistance tandis que d’autres subissaient passivement l’oppression nazie. Je suis sûr que vous continuerez la lutte près de nous et je ferai tout mon possible pour vous aider. » Il distribue quelques médailles et assiste à un défilé dans les rues du bourg.[5] Le colonel Grandval écrit : « J’éprouve de l’admiration pour cet homme d’à peine 25 ans qui, voulant poursuivre la lutte est parvenu à rassembler une troupe de cette importance, à assurer son transport, à l’insérer dans un créneau de la 3ème Armée américaine et à attaquer l’ennemi dans la région de Gravelotte. »[6] Grandval est fervent gaulliste!

 

Septembre 1944. Des hommes du GTL gardent un ouvrage de la ligne Maginot du secteur thionvillois. Cette photo a été publiée dans la presse américaine. (coll. Ascomémo

 

[1] The XX Corps, éditions The XX Corps Association, Osaka, Japon, 1945, pp.105-107.

[2] Michel Pigenet, déjà cité, p. 46.

[3] Pierre Durand, déjà cité, p. 228, message du général Bacon du 15 octobre 1944.

[4] Michel Pigenet, déjà cité, pp. 42-49, Pierre Durand, déjà cité, pp. 224-237.       

[5] Historique XXème Corps, déjà cité, p. 108.

[6] Gilbert Grandval et Jean Collin, déjà cités, p.224.

Mais l’épopée du GTL sert les intérêts du parti autoproclamé des « 75 000 fusillés ». De nombreux articles sont publiés dans L’Humanité, même une photo de la revue de Mars la Tour. N’était-ce pas l’objectif annoncé par Albert Ouzoulias dès le 6 septembre! Une légende à entretenir. En 1945, une brochure communiste éditée par France d’Abord pour la jeunesse est consacrée au colonel Fabien. Même les actualités cinématographiques s’emparent du sujet. Ernest Niessen raconte qu’« un film a été tourné dans le camp d’Angevillers, reconstituant un simulacre de combat avec grenades fumigènes, arrivée d’un blindée, attaque de FTP déguisés en Allemands. Ce film est passé aux actualités dans les salles de cinéma. Le commentateur vantait les mérites du colonel Fabien : «  Le 1er Régiment de Paris qui combat… L’honneur de la France retrouvé…[1] » L’objectif est atteint. Mais le combat continue.

L’ensemble du GTL quitte le secteur ouest de Metz pour le nord thionvillois où elle doit se regrouper et entrer dans la composition de la task force du 3ème squadrons de cavalerie pour patrouiller sous commandement américain sur les rives ouest de la Moselle de Manom à Contz-les-Bains de contrôler les villages abandonnés… Le poste de commandement s’installe au camp d’Angevillers. Le 1er régiment de marche de Paris sous l’autorité de Dax installe son PC à Hettange-Grande, le 2ème à Fontoy. La Brigade reste dans ce secteur pendant un mois.[2] C’est pendant cette période que se forge la réputation « d’énergumènes turbulents[3]» de la « Colonne Fabien ». Le général Polk qui a à charge la défense de cette zone la qualifie de « Task Force

 

 

 

 

 

 

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