A voir
Les pages
Histoire
du trimestre
Le Préfet
Bourrat
Le
168° RIF
Marguerite
Durrmeyer
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Histoire
du trimestre
Le Préfet
Bourrat
Le
168° RIF
Marguerite
Durrmeyer
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Une carte d'identité d'un habitant de Vitry-sur-Orne visée par les autorités
allemandes en juillet 1940. |
Nouvellement installés, les
maires vont regrouper les différentes communes de la vallée de l'Orne et créer
des "Gross-Stadt" (grosses
villes).
Annexée
de fait, la Moselle va être rattachée le 30 novembre 1940 à la Sarre et au
Palatinat pour constituer le Gau Westmark.
Plus d'entité Alsace-Lorraine comme
en 1871, mais une volonté affirmée d'intégrer notre département au Reich par
fusion avec d'autres régions allemandes. Ce souci de regroupement administratif
existe aussi au niveau des communes.
S'appuyant initialement sur
les découpages administratifs français, des modifications sont ensuite opérées
par les Allemands.
Le 1er décembre 1940, le canton de Moyeuvre situé dans le
Landkreis de Diedenhqfen-West (Thionville-Ouest) et Mondelange intègre le
Landkreis de Metz-Land.
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Gross-Hagendingen
Par
l'ordonnance du 25 novembre 1940 prenant effet le 1er décembre, la fusion de
Hagondange, Mondelange et Talange est officialisée. Le Gross-Hagendingen est
alors constitué de quatre Orstteile : Hagendingen-Nord (Mondelange),
Hagendingen-Mitte (Hagondange), Hagendingen-Sud (Talange) et Hagendingen-KoIonie
(Cité). Ainsi la numérotation des maisons, route de Metz, s'effectue du sud au
nord en commençant par Talange. Aujourd'hui, à Mondelange, nous trouvons
toujours côté pair les numéros 318 à 470 et côté impair les numéros 305 à 491.
Le 15 décembre, l'hôpital de l'usine situé sur le ban de Silvange est incorporé
au Grossgemeinde. D'autres modifications interviennent encore avec
Ay-sur-Moselle et Maizières-lès-Metz.
Andréas Badar, le nouveau
maire, explique ce qu'était la fusion en 1944 : « Hagondange était le centre
naturel des trois communes...
Et un lien économique entre les
trois communes était très fort. La fiscalité était plus justement répartie. Les
frontières entre les communes étaient arbitraires. Un côté de la rue Nigert
appartenait à Talange, l'autre à Hagondange. La rue de Boussange était coupée
par la rue de l'Etang, une partie appartenant à Mondelange, l'autre à
Hagondange.
La route de Metz était l'axe de fixation des localités. Si les
marques de début et de fin des localités n'étaient pas établies, un étranger ne
pouvait pas déterminer où une commune commençait et où l'autre se terminait. »
Désormais, Talange et Mondelange ne sont plus que des quartiers de
Hagondange.
Gross Movern Les autres
communes de la vallée de l'Orne subissent le même sort que Hagondange. Le 1er
janvier 1940, Moyeuvre-Grande, Moyeuvre-Petite et Rosselange ne constituent plus
qu'une commune, le Gross Movern.
Klinkhammer, le nouveau maire,
installe la mairie à partir du 18 août 1941 dans le presbytère qui est transféré
au 1 bis, rue Fabert. Il délègue ses pouvoirs pour Moyeuvre-Petite à François
Leininger et pour Rosselange à Pierre Muller. Clouange et Vitry/Orne sont
rattachées le même jour à Rombas.
Le 1er avril 1941, d'autres regroupements ont
lieu : Gandrange est rattachée à Amnéville et Richemont qui reste dans le
Landkreis Diedenhofen à Guénange.
Ainsi centralisée,
l'administration allemande peut plus efficacement mettre en oeuvre sa politique
de germanisation systématique.
Le tribunal cantonal était installé à Rombas.
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Germanisation d'un symbole les
monuments aux Morts.
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Terre allemande immédiatement,
une germanisation systématique du paysage est opérée. Premières cibles, les
monuments aux Morts, symboles de fa Victoire de 1914-1918.
Contrairement à la
première annexion au cours de laquelle le fiançais est toléré jusqu'à la guerre
de 1914, et le Souvenir-français peut dédier un monument à la gloire des soldats
français tombés en 1870 autour de Noiseville, les Allemands de 1940 sont
intransigeants.
Tout ce qui est français doit disparaître. "Hinaus mit welscher
Plundern " ("Dehors avec ce mauvais bric-à-brac") lit-on sur les affiches.
Hitler donne dix ans au Gauleiter Burckel pour germaniser la
Moselle
Jeanne d'Arc disparaît Immédiatement, les
Allemands s'attaquent à la plaine. En juillet, ils donnent l'ordre de faire
disparaître les plaques et monuments qui peuvent toucher à leur prestige. Fin
octobre, les Allemands enlèvent les deux canons de 75, des prises de guerre de
la Grande Guerre, situés de part et d'autre du monument-aux-Morts de Rosselange,
à l'entrée de la commune
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La statue du Poilu à Gandrange. Les allemands la remplaceront par un aigle,
symbole du IIIe Reich. |
Le monument commémoratif des soldats français au vieux cimetière de
Moyeuvre-Grande. |
Il en est de même pour le monument
de Moyeuvre qui est déplacé de l'ancien cimetière pour être installé à côté de
la mairie. A Hagondange, les deux canons disparaissent ainsi que les deux
plaques en français apposées par les associations patriotiques. Seule la mention
"1914-1918" est conservée.
Le 12 novembre, le Lankommissar de Metz
s'indigne d'apprendre que « des noms d'ennemis de la nation (des engagés dans
l'armée française en 1914-18 considérés comme des traîtres par les Allemands)
soient encore inscrits sur le monument aux Morts de Moyeuvre alors que ceux qui
ont combattu dans l'armée allemande (les "Malgré-eux" de 1914-18) n'y figurent
pas. »
Il ordonne que les noms soient enlevés et pour éviter toutes critiques,
demande que soit inscrit uniquement "Den Gefallenen Soldaten der Stadt Movern
Zum andenken Weltkrieg 1914-1918" (" En souvenir des soldats de la ville de
Moyeuvre tombés pendant la guerre 1914-1918").
A Gandrange, Antoine Schmitz
confie à six menuisiers de faire un coffrage cachant du sol à la pointe le
monument aux Morts représentant Jeanne d'Arc sur ses étriers. Ce
coffrage reste en place pendant cinq ans. Même chose à Moyeuvre-Petite où Jeanne
d'Arc, qui surmonte le monument aux Morts du cimetière, est enfermée dans une
grande caisse en planches.
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En septembre 1943, elle est finalement démontée,
transportée à la mairie de Moyeuvre-Grande, reléguée dans un couloir car elle
est en fonte bronzée, et après quelques semaines camouflée dans le grenier par
M. Duflot qui y cache également le drapeau de la société de musique La
Renaissance.
Une manifestation allemande devant le monument aux Morts,
place du Marché à
Hagondange
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L'aigle allemand
A Clouange, le monument
aux Morts situé devant la mairie représente un Poilu de la Grande Guerre.
Intolérable pour les Allemands qui le remplacent par un aigle, symbole du IIIe
Reich
Le 11 novembre 1941, Louis Schnell, Constant Thumassin,
Charles Halm, Charles Pierron et Roger Maillard subtilisent l'aigle allemand et
essaient en vain de le remplacer par le monument français remisé en mairie.
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Finalement, ils le laissent à terre. Le Poilu sera certainement fondu dans un
haut-fourneau de Rombas.Et le 29 novembre, les cinq Clouangeois
sont arrêtés et internés à Metz. Schnell et Maillard sont ensuite déportés à
Schirmeck, Zweibrucken et Allach. Halm est libéré le 29 juillet 1942 pour être
ensuite incorporé de force dans la Wermacht.
Le 11 novembre 1942,
le drapeau tricolore est accroché aux monuments aux Morts, à Moyeuvre, et sur la
mairie, à Hagondange. « Vous pouvez germaniser la plaine, mais nos coeurs, vous
ne les aurez jamais ! »
Germanisation des
noms
Dix ans pour
germaniser la Moselle. Les Allemands s'attaquent au plus facile : le
paysage.
"Hinaus mit welscher Plundern !".
Aucune inscription en français ne doit subsister.
Ici, c'est l'Allemagne. « Démobilisé de l'armée française, je prends le train
pour arriver à Metz le 22 décembre. Consultant les horaires, j'eus un moment
d'hésitation car ma gare de destination s'appelait désormais Rombach-Klingen »
raconte Armand Nass.
Officiellement les noms des communes sont germanisés le 27
février 1941 mais, dans la pratique, dès fin juillet. Moyeuvre devient Movern ;
Rombas-Rombach ; Amnéville-Stahlheim et Hagondange-Hagendingen. Les enseignes de
magasin; subissent le même sort : le Restaurant Méligner à Hagondange s'appelle
le désormais Gasthaus zur Eisenbahn. A partir du 5 septembre 1940, tous les
actes d'état-civil à la mairie de Moyeuvre sont en allemand.
En 1942, les
prénoms et noms de famille "trop français" au goût des Allemands seront eux
aussi germanisés A Hagondange, l'Orstgrupenleiter, Monsieur Potier devient Herr
Topfer.
Adolf Hitlerstrasse Fin
juillet 1940, les plaques de rues en français sont descellés et remplacées par
des plaques en allemand. A Moyeuvre, la rue Foch ; à Amnéville, la rue des
Romains et à Hagondange, la rue de la Gare deviennent Adolf Hitler Strasse.
Curieux destin pour Hagondange, puisqu'après-guerre, la rue de la Gare
s'appellera un temps rue Joseph-Staline.
Même les plaques de rues
sont supports de propagande et deviennent enjeu politique. Voilà d'autres
parcours : une rue du maréchal-Pétain, vainqueur de Verdun, fleurit dans
quasiment toutes les communes. A Moyeuvre, elle devient Muhlenstrasse (rue du
Moulin) et à Hagondange, Schillerstrasse, un grand philosophe allemand qui
n'aurait pas forcément soutenu la cause nazie s'il avait été contemporain au
IIIe Reich. .
Après guerre, le vainqueur de Verdun devenu chef d'un État français
collaborateur disparaît des plaques de rue.
A Hagondange, il est remplacé par le
général De Gaulle. Autres destins : le Gauleiter Joseph Burckel remplace le
Maréchal Fabert à Moyeuvre Georges Clémenceau à Amnéville et Emile Zola à
Hagondange
Le béret "streng verboten !" Parmi les
symboles de la France chassés par le balai allemand figure une coiffure
typiquement tricolore : le béret. Il est formellement interdit de le porter.
"Aux portiers de l'usine de Jamailles", raconte Marcel Neigert dans son journal.
"des membres de la Gestapo veillaient et décoiffaient ceux qui portaient le
béret. Un ouvrier qui l'avait remis s'est vu attribuer une paire de gifles.
Le
policier ajoutait que si pareil cas se reproduisait, il rentrerait dans l'auto
"grise" qui l'emmènerait vers une destination inconnue.
Des membres. de la
Jeunesse hitlérienne de Rosselange ont reçu l'ordre d'attaquer tous les enfants
qui ne seraient pas membres de cette association et qui porteraient des bérets
ou parleraient français dans les rues. Car après le paysage, les Allemands vont
vouloir imposer systématique leur langue.
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La Communauté du Peuple
allemand (DVG)
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Pour les Mosellans annexés est
créée une organisation spécifique.A Hagondange et ailleurs, 95 % de la
population y est inscrite.
Bien qu'annexés, les Mosellans ne sont pas
immédiatement considérés comme Allemands à part entière, des Reichsdeutscher.
lls doivent faire leurs preuves. Pour eux est créée en août 1940 la "Deutsches
VolksGemeinschaft", ( DVG), la Communauté du Peuple allemand.
L 'Orstgruppenleiter Topher (avec les lunettes au fond) au cinéma, rue de la
Gare, à
Hagondange
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Y adhérer, c'est
reconnaître l'annexion et faire allégeance au Reich et au Führer.
S'y soustraire
implique de nombreuses brimades notam-
ment professionnelles, et plus tard les
transplantations vers la Silésie.
A Amnéville, on enregistre les premières
inscriptions le 25 août. A la première réunion de la DVG à Moyeuvre-Grande,
Klinkhammer annonce que 90 % des habitants de la commune appartiennent à
l'organisation.
A Hagondange, 95 % de la population est inscrite sur le fichier
de la DVG en juin 1944.
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Organisation
pyramidale
La DVG emprunte l'organisation pyramidale à celle du parti
nazi et prend place parallèlement à celle de l'administration civile. La vallée
dépend initialement du Kreis-Diedenhofen (arrondissement de Thionville).
Le
Kreisleiter vient en septembre 1940 à Rosselange et prend la parole devant huit
cents personnes au Fort-Chabrol.Puis, s'alignant sur le redécoupage
administratif, la vallée va dépendre du Kreis Metz-Land.
Le 6 décembre 1940 le
Kreisleiter Kleemann vient à Moyeuvre-Grande entériner ce changement. A la
tête de chaque commune, on trouve un Orstgruppenleiter : le maire Klinkhammer à
Moyeuvre-Grande ; Auguste Fox, un Allemand venu en Moselle avant-guerre ;
Charles Schneider, à Rombas et Joseph Potier à Hagondange, deux Mosellans
fanatiques et zélés.
Les Orstgruppenleiter organisent un quadrillage
systématique des agglomérations par des responsables de quartier (Zellenleiter)
et d'îlots de maisons (Blockleiter).
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Défilé de la DVG, rue de la Gare, à
Hagondange.
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A Hagondange, le Block 1 se compose des
rues de la Marne, des Pêcheurs et des numéros pairs de 220 à 240.
En 1942, à Hagondange, l'un d'eux rapporte que "Dumont
est de mentalité française ; ne parle que le français à la maison. Bassompierre
est français par dessus tout.
Le béret brille sur sa tête. Baron est très
communiste. Ne veut rien savoir de notre mouvement. Rombas et
ses annexes sont divisées en 3 Ortsteil, 13 Zellen et 42 Blocks. Délétères, les
Blodkleiter épient les moindres attitudes anti-allemandes et établissent des
rapports réguliers.
Nombreuses
manifestations
La DVG organise de nombreuses manifestations encadrées
par l'Ordnungsdienst. Le 23 décembre 1940, la DVG de Metz organise à l'école de
Rombas une conférence sur Les sacrifiés de la guerre. Le 23 janvier 1941, un
orateur du Parti vient à Rosselange. Le 13 février et 8 juin 1941, nouvelles
réunions de la DVG à Rosselange en présence du Kreisleiter Thiel.
Le 23
juillet 1941, le chef de la DVG en Moselle, Eugène Foulé fait une tournée dans
les usines de la vallée pour stigmatiser la population à l'effort de guerre. Le
Kreisleiter Merckle vient expliquer aux Moyeuvriens le 7 novembre 1941 le
signification de la fête commémorant la journée du 9 novembre 1923. Le 12 mars
1943, la DVG d'Amnéville organise une manifestation au cours de laquelle le
commandant Ketterl discourt sur le conflit.
" Malheureusement ", note le maire,
" la séance n'a pas été aussi fréquentée qu'il eût été souhaitable ": Une
dernière visite du Kreisleiter a lieu le 11 août 1944 à Rombas. Elle attire
encore neuf cents personnes.
La NS Frauenschaft devant le café Schaub, à Hagondange
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Mondiale dans la vallée de l'Orne
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